Contrairement à ce que l’on peut penser, l’hypnose est une pratique très ancienne. Les premières traces écrites de cette méthode remonteraient effectivement à l’époque sumérienne (-6000 ans av. J.-C.). La technique s’est bien développée au cours des siècles. On a même assisté à la naissance de plusieurs approches depuis la deuxième moitié du XXe siècle. Mais dans cet article, nous nous intéresserons particulièrement à l’hypnose médicale. Loin d’être une simple activité à présenter sur le petit écran ou au cours des shows de foire, il s’agit effectivement d’un vrai recours thérapeutique. Comme l’hypnothérapie fait l’objet de plusieurs études et recherches scientifiques ces derniers temps, on a pu démontrer son application sur différents aspects de notre santé et notre bien-être. Stress, douleurs chroniques, dentisterie et même chirurgie et cancer… Découvrez aujourd’hui son large champ d’action.
Sommaire
- 1 Qu’est-ce que l’hypnose dite « médicale » ?
- 2 Hypnose médicale et maladies psychosomatiques
- 3 Hypnose médicale et psychiatrie
- 4 L’hypnosédation au bloc opératoire
- 5 Les avantages de l’hypnose médicale
- 6 Comment se déroulent les séances en général ?
- 7 Les limites de l’hypnothérapie
- 8 Formation en hypnose dite « médicale »
Qu’est-ce que l’hypnose dite « médicale » ?
Il convient tout d’abord de rappeler que l’hypnothérapie médicale se base sur les mêmes principes que les autres techniques d’hypnose. En effet, l’hypnose médicale se base également sur les inductions hypnotiques et inclut un état modifié de conscience pour obtenir un résultat optimal. La seule différence : elle s’applique en milieu médicalisé. Contrairement à l’hypnose de spectacle que l’on connaît déjà assez bien, cette pratique n’inclut donc aucune suggestion dans le but de divertissement. Le thérapeute vise plutôt à accompagner son patient pour que celui-ci entre dans un état de bien-être qui lui permettra d’« oublier » en quelque sorte ses symptômes.
Ainsi, le mécanisme de l’hypnothérapie est donc palliatif et non curatif. En d’autres termes, l’objectif des séances d’hypnose médicale est de soulager les manifestations physiques d’une maladie, sans en résoudre la cause. Cependant, cette approche consiste toujours à mettre la conscience claire d’une personne en veilleuse, au profit de sa conscience inconsciente. C’est cette dernière qui supporte la personne dans son entièreté (ses souvenirs, ses sens, ses perceptions). Les séances visent donc à l’aider à puiser en lui-même les ressources nécessaires pour induire le changement ou, dans le cas qui nous intéresse, l’atténuation des symptômes.
Il serait alors inexact dans ce cas de dire que ce recours peut soigner une pathologie.
Hypnose médicale et maladies psychosomatiques
Si l’hypnothérapie n’a aucun impact sur une pathologie, elle agit bel et bien sur le mécanisme psychologique de celle-ci. En d’autres termes, elle ne pourra pas traiter la maladie, mais peut en revanche vous aider à modifier votre perception de celle-ci. En effet, les séances vous inciteront à vous concentrer intensément sur un problème spécifique et sa résolution. Et ce, tout en promouvant un état de relaxation et de bien-être physique accrus. Cela vous offre d’ailleurs l’occasion de mieux contrôler les réactions de votre corps face à la maladie. Ce qui signifie que l’hypnose médicale peut s’avérer particulièrement utile lors d’un long processus de traitement qui peut parfois être pénible.
C’est d’ailleurs pour cette même raison que l’efficacité de l’hypnothérapie peut décupler dans le cas d’une maladie psychosomatique. Pour rappel, on emploie le terme « psychosomatique » lorsqu’« un élément d’ordre psychologique est impliqué » dans le développement des symptômes. C’est notamment le cas du soulagement de certaines douleurs chroniques (dont les migraines et la fibromyalgie). Souvent, un stress intense provoque également plusieurs réactions physiques. On parle notamment là de psoriasis et d’eczéma, mais aussi d’ulcères à l’estomac. Dans ce cas encore, l’hypnose médicale peut s’avérer utile.
Quoi qu’il en soit, entrer dans un état hypnotique vous aidera à ignorer les stimuli externes. C’est d’ailleurs pour cette raison que cette approche est aussi plébiscitée dans le domaine des soins dentaires. Ce serait effectivement 10 % de la population qui souffrirait de stomatophobie (la phobie du dentiste). Pour mieux appréhender la douleur et contrôler les réactions de panique et améliorer le confort lors des soins, l’hypnothérapie peut ainsi se révéler efficace. Il peut même s’agir d’une excellente alternative à l’anesthésie. Bien qu’il ne s’agit pas véritablement d’une maladie psychosomatique, l’hypnose peut donc entrer en jeu.
Hypnose médicale et psychiatrie
Bien que le sujet soit largement abordé et que les recherches se démultiplient, l’application de l’hypnose en psychiatrie reste encore très discutée. Pourtant, de nombreux spécialistes n’hésitent pas à l’intégrer dans leurs séances. Philippe Aïm, auteur de « Écouter, parler : soigner : guide de communication et de psychothérapie à l’usage des soignants », en parle notamment dans une interview pour l’IFH (Institut français d’Hypnose). Vous pouvez suivre le lien pour la découvrir. Mais en résumé, le psychiatre et psychothérapeute est convaincu de l’efficacité de l’hypnose (hypnose ericksonienne), lorsque celle-ci est associée aux thérapies brèves.
Par ailleurs, l’hypnose médicale pourrait également servir comme technique d’intégration selon un article paru dans la Revue Médicale Suisse. Ce document relate surtout l’application de cette approche dans le traitement des troubles anxieux. Dans ce cas, la séance consistera à plonger le patient dans l’événement anxiogène pour mettre la main sur les éléments qui ont pu influencer sa perception de la réalité. Cela permet de dissocier le vécu affectif pour ne plus considérer une situation comme phobogène après.
L’hypnothérapie pourrait même être une approche intéressante en pédopsychiatrie. Mais dans ce cas, il est important de prendre en compte l’âge du patient pour que l’hypnose médicale porte ses fruits. Et, en fonction de cela, il faut adapter les techniques employées.
L’hypnosédation au bloc opératoire
On parle d’hypnosédation (HS) pour se référer à une technique d’anesthésie qui intègre des inductions hypnotiques. D’habitude, le corps médical recourt effectivement aux médicaments pour provoquer l’état d’inconscience induite pendant lequel, le patient se dissocie de la stimulation douloureuse. Dans cette nouvelle approche, on oublie l’anesthésie générale. Le patient reste tout à fait conscient, mais on utilisera tout de même une sédation intraveineuse continue et un analgésique local pour bloquer la douleur dans une région spécifique.
L’hypnose médicale permet ainsi de préserver et de favoriser le confort du patient pendant l’intervention. Cela peut également s’avérer utile dans l’accélération de la récupération postopératoire, et ainsi de la guérison. L’institut Curie, Paris, a notamment recours à l’hypnothérapie en cancérologie. Elle y est surtout appliquée dans le cadre des opérations du cancer du sein et de chirurgie ORL.
Tout cela pour dire que l’application de l’hypnose ne se limite pas à l’induction de changement. Elle peut également vous aider à améliorer votre bien-être au quotidien. Surtout si vous faites face à la maladie.
Les avantages de l’hypnose médicale
L’hypnose thérapeutique présente plusieurs attraits et avantages avec des résultats satisfaisants.
- Elle peut notamment vous aider à lutter contre les troubles anxieux et la dépression.
- On a déjà également vu son efficacité sur les troubles du sommeil dans un autre article (hypnose anti-insomnie).
- Elle peut aussi vous aider à sortir de la dépendance et de l’addiction, mais aussi le tabagisme.
- De même, il peut s’agir d’une excellente solution pour vaincre une phobie.
- Pareillement, le stress et l’anxiété peuvent s’atténuer au fur et à mesure des séances.
Bien évidemment, l’aide d’un professionnel est essentielle pour profiter des bienfaits de l’hypnose médicale. Mais qu’est-ce qui en fait une approche à la fois intéressante et efficace ? Tout simplement parce que l’hypnothérapie :
- Considère le patient dans sa globalité ;
- Règle le problème à la base ;
- Résiste à la douleur ;
- Aide le patient à prendre part dans l’amélioration de sa propre santé ;
- Renforce la mémoire et la capacité de concentration du patient ;
- Permet une meilleure communication avec l’inconscient.
Comment se déroulent les séances en général ?
Tout d’abord, l’hypnothérapie nécessite l’intervention d’un professionnel de la santé qualifié : médecins, psychothérapeutes, psychiatres, physiothérapeutes… L’AFEHM (Association française pour l’étude de l’hypnose médicale) propose des formations dans ce domaine. Alors, faites-y un tour si ce parcours vous intéresse.
Par contre, si vous souhaitez profiter de cette technique, les séances se déroulent souvent en plusieurs phases.
La préparation
La première étape consiste à créer un lien avec le patient. Ce lien créé entre le patient et son thérapeute a pour intérêt d’aider le patient à définir la maladie dont il souffre et la solution de guérison qu’il souhaite obtenir. Ce lien est la base même de la thérapie. Pour cause, si le patient ne se sent pas suffisamment en confiance lors de l’hypnose médicale, il ne pourra pas se laisser guider par son thérapeute. Certains patients peuvent d’ailleurs se rendre à une séance d’hypnose sans savoir le résultat qu’ils désirent réellement. Si ce résultat n’est pas connu à l’avance, la thérapie ne pourra pas non plus être efficace.
« L’hypnose ne marche que si je me synchronise avec la personne, que je suis en empathie et qu’elle est en confiance. 90 % de la réussite repose sur cette anamnèse ». Pierre Berthier
Cet exercice peut prendre du temps et plusieurs séances en fonction du patient concerné.
L’induction dans l’hypnose médicale
L’induction hypnotique forme aussi une étape à part entière de cette thérapie. Une fois ce lien crée, le thérapeute doit effectivement aider son patient à entrer à l’intérieur de lui-même à la recherche de guérison. Mais sans pour autant se déconnecter du monde. La plupart du temps, les thérapeutes utilisent une méthode qui consiste à demander au patient de s’imaginer dans un endroit qu’il aime ou de visualiser sa propre personne en train de faire une chose qu’il adore.
Dans cet univers inconscient, le thérapeute va aider le patient tout au long de la séance d’hypnose médicale à voir la douleur que lui cause son trouble comme une nuisance. Peu à peu, le patient arrive à remplacer ce trouble nuisible par une autre chose qu’il aime.
Bien évidemment, ce n’est qu’une méthode. Il en existe plusieurs d’autres. À chaque thérapeute sa technique.
L’approfondissement de l’expérience hypnotique
« Quand on se voit faire quelque chose, le cerveau fonctionne comme si on le faisait réellement et se trouve mobilisé, au point que le patient entre dans son histoire et s’abstrait du soin que je lui prodigue » Jihan Zeidan.
Au cours d’une séance d’hypnose médicale, le mental du patient est modifié de manière à changer son comportement actuel conformément à sa manière de penser.
Dans cette étape, le thérapeute conduit alors son patient tout droit vers la guérison. Une guérison durable et efficace. Le professionnel approfondira alors l’expérience hypnotique jusqu’à un niveau approprié. Là où il sera capable d’agir.
Le traitement à proprement parler
Cette phase se concentre principalement sur un problème particulier. La méthode proposée dans ce cas peut ainsi différer selon l’objectif. Les problèmes relatifs à la santé mentale (stress, anxiété et phobies) nécessitent notamment généralement plusieurs séances d’hypnose médicale. C’est aussi le cas si vous faites face à des problèmes de dépendance ou désirez d’avoir un meilleur contrôle de vos habitudes.
L’hypnosédation, quant à elle, se prolongera jusqu’au bloc opératoire. Elle visera à distraire le patient lors de l’intervention, tout en restant conscient tout au long de la chirurgie.
La sortie d’hypnose
Le thérapeute a souvent recours à la technique de comptage pour mettre fin à la transe hypnotique. Avant cela, il peut toutefois inclure une dernière fois des inductions post-hypnotiques qui sont là pour contourner les pensées négatives qui peuvent vous empêcher de tirer le meilleur profit de l’hypnose médicale. Peut-être qu’il préconisera aussi l’auto hypnose pour la suite du traitement.
Les limites de l’hypnothérapie
Il faut noter que l’hypnose thérapeutique ne marche pas à tous les coups. Certaines personnes vous diront qu’ils y ont eu recours sans aucune amélioration. Le fait est que tous les patients ne sont pas pareils et le spécialiste doit pouvoir adapter sa méthode à l’individu qu’il a en face. Certains « hypnothérapeutes » n’y arrivent pas. Cela dénote de l’éthique et de la formation de ce dernier.
Pour éviter d’être déçu, lorsque vous recherchez un professionnel de l’hypnose médicale, le mieux est encore de vous référer à l’annuaire de thérapeutes. Ce faisant, vous serez sûr de la formation et de l’éthique de votre hypnothérapeute. Et dans ce cas, la guérison sera certaine.
Si vous êtes dans ce cas, vous savez maintenant quoi faire !
Formation en hypnose dite « médicale »
Vous êtes médecin praticien et vous désirez vous faire former pour aider davantage vos patients ? L’AFEHM vous ouvre ses portes. Cette association a pour but d’aider à la connaissance de cette forme de soin par les échanges, la recherche, l’enseignement ainsi que la pratique de l’hypnose médicale. Elle regroupe de ce fait praticiens et chercheurs. Elle dispense des formations aux professionnels de tous les domaines de la santé afin de les mettre en relation avec les patients qui désirent se faire soigner par l’hypnose. Vous trouverez tout ce qu’il faut sur le site de l’association.
Et vous ? Avez-vous déjà eu recours à cette thérapie ? L’hypnose vous intéresse-t-elle ? Pour quelle raison ? N’hésitez pas à nous faire part de votre expérience, avis, suggestion dans les commentaires. Et si l’article vous a plu, partagez-le sur les réseaux sociaux pour que tout le monde puisse en profiter.
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