En hypnothérapie, on s’attend souvent à ce que le sujet entre en transe. La personne sous hypnose se retrouve alors dans un état second où elle n’est plus maîtresse de son corps et de ses actes. Il s’agit notamment là de la forme d’hypnose classique. Cependant, cette pratique, comme la science, n’est pas statique ; et évolue de jour en jour. On observe ainsi la naissance de plusieurs types d’hypnose comme la naissance de nouvelles spécialités en médecine. De fait, les hypnothérapeutes ont découvert une forme d’hypnose peu connue : l’hypnose conversationnelle. Celle-ci, contrairement à l’hypnose classique, ne nécessite aucunement une transe hypnotique. Comment ? Tout simplement grâce à la maîtrise d’un certain art de communiquer. En gros, le thérapeute induit le changement chez son patient tout simplement à travers des mots choisis avec soin.
Sommaire
- 1 De quoi s’agit-il exactement ?
- 2 À quoi peut bien servir l’hypnose conversationnelle ?
- 3 Qui a recours à l’hypnose conversationnelle ?
- 4 Comment se déroule une séance d’hypnose indirecte ?
- 4.1 Les premiers échanges : étape incontournable
- 4.2 Capter l’attention pour ouvrir la porte du subconscient
- 4.3 L’hypnose conversationnelle pour s’immiscer dans le subconscient grâce à des mots bien précis
- 4.4 L’objectif ultime de l’hypnose conversationnelle : l’activation du subconscient pour provoquer le changement
De quoi s’agit-il exactement ?
Lors d’une séance d’hypnothérapie, le professionnel modifie l’état de conscience de son patient en plongeant celui-ci dans la transe hypnotique pour s’immiscer ensuite dans les tréfonds de son subconscient. Le patient, lui, est complètement conscient de ce qui va se passer. Mais, comme nous venons tout juste de le mentionner plus haut, l’hypnose conversationnelle dévie de cette trajectoire de l’hypnose classique. Dans le cadre de cette forme d’hypnose, le thérapeute a pour objectif d’inculquer un changement au subconscient de son patient en communiquant simplement avec celui-ci. Le sujet reste ainsi complètement conscient et maître de lui-même.
Bien sûr, le subconscient n’est pas accessible en un claquement de doigts. Pour y accéder, le professionnel déploie des techniques de communication et de suggestion bien particulières. Celles-ci lui permettent d’inviter et d’interpeller subtilement le subconscient de son patient. Quant à ce dernier, il n’y verra que du feu. Pour lui, il s’agit d’une simple discussion.
L’hypnose conversationnelle a été mise à jour par Milton Erickson, psychologue et psychiatre américain. Il la pratiquait concrètement à ses patients. D’ailleurs, sachez que nombreux connaissent cette forme d’hypnose sous l’appellation « hypnose ericksonienne ». Quant à Milton Erickson, lui, il préfère appeler cette pratique « l’approche naturaliste » du fait qu’elle ne dénature pas l’état d’âme du patient. Parfois, d’autres spécialistes l’appellent « l’hypnose indirecte », car le changement se passe grâce aux suggestions indirectes du thérapeute et de l’influence de ses mots.
En somme, cette forme d’hypnose constitue un art oratoire à part entière.
À quoi peut bien servir l’hypnose conversationnelle ?
Tout comme l’hypnose classique, l’hypnose par la conversation permet de traiter différentes pathologies ou certains troubles psychiques comme :
- les migraines chroniques ;
- les troubles du sommeil ;
- l’anxiété et la dépression ;
- les phobies ;
- les addictions ;
- un stress post-traumatique ;
- des troubles de l’humeur ;
- une séparation ou un deuil.
Mais en réalité, les champs d’action de ce type d’hypnose vont bien plus loin qu’un simple traitement clinique. En effet, on le retrouve également dans d’autres domaines comme :
- la publicité ;
- la politique ;
- le milieu sportif ;
- le coaching en développement personnel.
Par ailleurs, l’hypnose conversationnelle peut aussi permettre à un individu lambda d’améliorer ses relations avec les autres. En effet, il est possible d’inclure cette pratique dans la vie quotidienne pour :
- séduire son public ;
- susciter l’intérêt des autres ;
- influencer les autres de manière indirecte ;
- développer son charisme ;
- développer son empathie ;
- se faire de nouveaux amis.
Au bout du compte, vous avez déjà peut-être pratiqué l’hypnose par la conversation sans forcément vous en rendre compte. Ou bien, quelqu’un d’autre a déjà utilisé cette pratique sur vous inconsciemment.
Qui a recours à l’hypnose conversationnelle ?
Comme il s’agit d’une pratique découverte récemment, aujourd’hui, on compte encore assez peu de thérapeutes qui utilisent l’hypnose par la conversation. Mais, d’une manière générale, ce sont notamment les professionnels œuvrant dans l’accompagnement et le social qui plébiscitent le plus souvent cette forme d’hypnose.
Les psychothérapeutes et les psychiatres
Littéralement, la psychothérapie est une thérapie qui consiste à traiter certains troubles via des moyens psychologiques et non médicamenteux. Cependant, il convient de souligner que cette thérapie reste rédhibitoire pour nombreux patients qui la trouvent ennuyeuse. Il est possible de corriger cette limite en conciliant l’hypnose à l’accompagnement. Particulièrement avec l’hypnose conversationnelle, le psychothérapeute pourra aider son patient récalcitrant à adhérer à un changement de comportement radical, et ce, en peu de temps.
Un peu comme en psychothérapie, associer l’hypnose par la conversation aux traitements des problèmes psychiatriques se trouve être un avantage. S’il reste assez difficile d’accompagner une personne qui ne présente pas de souci mental, imaginez à quel point le cas d’une personne atteinte d’un trouble psychiatrique est délicat. Quoi qu’il en soit, dans son exercice, le psychiatre pourra trouver les mots et les stratégies qu’il faut pour accompagner son patient atteint d’un trouble grâce à la puissance des mots.
L’hypnose conversationnelle pour les chefs d’équipes ou d’entreprises
Il s’avère que l’hypnose par la conversation constitue un outil utile et puissant pour un chef d’entreprise. En tant que chef d’équipe ou d’entreprise, on est appelé à diriger une équipe et à coacher (un peu comme le thérapeute avec le patient). Il peut arriver que ledit chef rencontre dans son équipe des personnes rétives ou peut-être pas très professionnelles. En connaissance de l’hypnose indirecte, il suffira de faire appel au subconscient des sujets en question pour leur inculquer un changement d’état d’esprit. L’objectif étant évidemment d’améliorer le comportement de l’équipe. Par ailleurs, l’hypnose conversationnelle peut aider à rendre fluides et convaincantes vos communications.
Quid des individus lambda ?
Bien plus haut, nous avons mentionné qu’un simple individu pouvait utiliser l’hypnose par la conversation dans la vie quotidienne. Néanmoins, sachez qu’il ne s’agit pas d’une pratique pour les novices. Certes, vous pouvez avoir utilisé cette forme d’hypnose inconsciemment, mais si vous désirez réellement la maîtriser et l’utiliser de votre plein gré, il faudra apprendre.
Ainsi, pour la réussir, il faut se faire former sur les techniques de langage et de suggestion spécifiques de la méthode. Qui que vous soyez, vous pouvez ainsi suivre une formation d’hypnose conversationnelle. Il suffira de vous rendre sur les sites offrant des formations dans le domaine.
Comment se déroule une séance d’hypnose indirecte ?
Il semble bien que l’hypnose par la conversation reste une pratique douce, dans l’optique où le patient ne plonge pas dans une transe hypnotique. Toutefois, la séance se déroule généralement comme toute séance d’hypnothérapie : le thérapeute se placera sur une chaise à côté de son patient, qui lui, sera confortablement installé sur un canapé.
Les premiers échanges : étape incontournable
Lorsque l’on se rend en thérapie, la première action reste d’établir un contact avec son thérapeute. L’hypnose conversationnelle ne déroge pas à cette étape. Les deux parties en présence doivent effectivement se connaître assez, et ce, afin d’instaurer un climat de confiance. Il s’agira essentiellement de parler, et rien d’autre. Pour le thérapeute, cette discussion lui permettra de mieux cerner son patient et de déduire comment il devra orienter son approche.
« Dans le tête-à-tête avec un homme, sondez d’abord le terrain pour savoir à qui vous avez affaire ; basez ensuite la conversation sur la connaissance que votre interlocuteur vous aura donnée de ses goûts et de son esprit » — Horace Raisson.
Le thérapeute pourrait commencer l’hypnose conversationnelle au cours de cette présentation sans en informer son patient. Le fait que celui-ci ignore complètement qu’il en est déjà à la phase d’hypnose proprement dite permet à la pratique de rester efficace.
Capter l’attention pour ouvrir la porte du subconscient
Lors de son approche, le professionnel utilise des techniques de suggestion hypnotique simples pour concentrer toute l’attention de son patient sur ses dires. La parole reste ainsi la clé principale qui mène vers le chemin du subconscient. Les mots revêtent effectivement une puissance qu’il n’est plus nécessaire de démontrer. En hypnose conversationnelle, on parle de suggestions. Mais pour que l’individu soit en accord avec le thérapeute, il faut qu’il soit suffisamment attentif pour faire interpréter les suggestions par son moi intérieur.
Cependant, rappelons qu’ici le sujet reste pleinement conscient. Il sera de fait plus difficile pour lui de voir venir les suggestions. Ainsi, au thérapeute de trouver les bons moyens pour canaliser toute l’attention de son patient. Pour ne pas perdre ce dernier au fil de la séance, celle-ci ne pas être trop longue. De même que le professionnel doit à tout prix faire en sorte à ne pas ennuyer son patient.
L’hypnose conversationnelle pour s’immiscer dans le subconscient grâce à des mots bien précis
Une fois l’attention du patient suffisamment concentrée, le thérapeute doit contourner l’état conscient du sujet. L’état conscient n’est rien d’autre que celui qui analyse et raisonne pour ne pas accepter les suggestions du thérapeute. Cet état entraîne une sorte de résistance interne chez le patient. Il restera sur ses gardes et peut camper sur une position précise, ce qui créera des remparts autour de son subconscient. Le professionnel doit donc chercher la solution qui lui permettra de détacher le patient de ses croyances et états habituels.
C’est là que l’hypnose conversationnelle arrive à son summum. C’est durant cette étape que le professionnel va sortir son grand jeu : le fait d’être un magicien des mots, un as de la communication. Le thérapeute va ainsi jouer sur le langage pour pénétrer dans le subconscient de son patient. Pour ce faire, il a le choix entre de nombreuses possibilités.
- Pratiquer l’écoute active et reformuler les propos de son patient pour lui faire comprendre qu’il a bien écouté et qu’il s’intéresse bien à ce que celui-ci raconte.
- Utiliser des jeux de mots subtils pour créer une confusion et fissurer le bouclier du patient. L’hypnose conversationnelle, c’est ainsi savoir utiliser des métaphores, des doubles négations, une juxtaposition de mots opposés, etc.
- Susciter la curiosité du patient avec une rupture de pattern. Cette dernière est tout simplement le fait de rompre subitement la conversation par un fait qui n’a rien à faire là pour créer un certain bug chez le patient et percer sa bulle.
Toutes ces méthodes s’apparentent à bluffer le patient et à le conduire vers l’introspection. Comme ce sont des moyens déployés indirectement, le patient ne se doutera pas que le thérapeute est en train d’essayer d’entrer dans son subconscient.
L’objectif ultime de l’hypnose conversationnelle : l’activation du subconscient pour provoquer le changement
Lorsque le patient n’est plus réticent face à son thérapeute, c’est le moment idéal pour profiter de cette brèche vers le subconscient. Le professionnel va alors dire les suggestions qu’il faut pour déclencher le changement de comportement. Pour voir si la séance hypnotique fonctionne, il devra principalement se baser sur une observation pointue des réactions de son patient.
En général, l’hypnose est réussie si le patient répond inconsciemment aux suggestions. C’est le cas s’il reste complètement focalisé sur son thérapeute et qu’il est d’accord avec les propos de ce dernier. Lors de l’hypnose conversationnelle, le thérapeute devra procéder à des recadrages stratégiques de son dialogue avec son patient. Et ce, afin que celui-ci maintienne son intérêt et ne s’éloigne pas de l’objectif. Ensuite, lorsque les suggestions auront fait effet, les changements commenceront à submerger le patient. Il se rendra effectivement compte que la transformation est là, mais ne comprendra pas forcément comment il en est arrivé ainsi. Autrement, si le thérapeute n’a pas complètement réussi à réformer le mécanisme mental de son sujet, il peut ajuster sa stratégie lors des prochaines séances.
Et vous, l’hypnose conversationnelle, ça vous dit quelque chose ?
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