Alors que vous êtes tranquillement dans la cuisine en train de préparer le diner, une image de vous en train de planter le couteau à fromage dans la gorge de votre compagnon se faufile dans le champ de votre conscience. Naturellement, vous êtes apeuré et en panique, avant de vous ressaisir en secouant frénétiquement la tête et passer à autre chose. Si ce genre de séquence cinématographique vous évoque quelque chose, croyez-le ou non, vous êtes loin d’être un psychopathe potentiel. Au contraire ! En plus d’être un individu normalement constitué, vous avez désormais la preuve que votre système de censure morale fonctionnent étonnamment bien. Néanmoins, chez certaines personnes, ce type de pensées anti-civilisationnelles, contraire à leur nature et à la logique même de la situation peuvent devenir envahissantes. En psychologie, ces pensées intrusives sont communément appelées la « phobie d’impulsion » ou encore l’obsession impulsive. Tour d’horizon !
Sommaire
En quoi consiste la phobie d’impulsion ?
Souvent présentée dans les films et les livres thrillers ou les émissions télévisées de façon un peu caricaturale, la phobie d’impulsion fait partie des troubles anxieux les plus graves. Encore très peu connue du grand public, cette affection se traduit par l’angoisse obsessionnelle de perdre le contrôle et d’être prise d’une pulsion violente et soudaine de faire du mal aux autres. En d’autres termes, l’individu souffrant de la phobie d’impulsion redoute constamment d’être envahi par un coup de folie meurtrière, de perdre la maîtrise de soi et de commettre à tout moment un acte délictueux, scandaleux, immoral et surtout contraire à son propre système de valeur.
Au-delà des pulsions agressives à l’encontre des autres, le phobique redoute également de commettre l’irréparable envers lui-même. Dans la plupart des cas, ces pulsions prennent la forme d’envies suicidaires impulsives. Ce qui provoque chez lui, une anxiété extrême à la hauteur de la gravité même des actes redoutés. Un cercle vicieux se met alors doucement en place. Pour commencer, l’angoisse s’installe progressivement avec tout un florilège de symptômes somatiques. Pour ensuite atteindre la santé psychologique de l’individu. Et enfin, le rend complètement malade et paranoïaque.
Néanmoins, contrairement à ce que son appellation laisserait croire, la phobie d’impulsion n’est pas une phobie à proprement parler. Elle s’apparente plus à un trouble du traitement de l’information. C’est pourquoi, l’obsession impulsive est considérée par les psychiatres comme un trouble obsessionnel compulsif (TOC). De fait, les pensées négatives s’apparentent bien à des idées obsédantes dont le sujet n’arrive tout simplement pas à se débarrasser. De plus, pour essayer de neutraliser ou de se débarrasser de ses obsessions, l’individu se sent obligé d’accomplir des gestes répétitifs, des actes mentaux ou encore des rituels volontaires. C’est ce que nous appelons en jargon psychiatrique des « compulsions ».
Comment identifier les symptômes de la phobie d’impulsion ?
D’un point de vue clinique, la phobie d’impulsion se développe à travers les étapes suivantes :
- Invasion de pensées qui tournent autour du fait de suivre une impulsion et de perdre la maîtrise de soi ;
- Évaluation des pensées comme catastrophique entraînant une peur intense par le simple fait de les expérimenter ;
- Reconnaissance du caractère excessif ou irrationnel de la peur.
- Mise en place de toutes les ressources psychologiques disponibles pour contrer les pensées intrusives. Ce qui entraîne de surcroît une angoisse encore plus intense et mène à l’anticipation d’une agression ;
- Adoption de comportements préventifs ou évitant pour empêcher le passage à l’acte.
Peur de perdre le contrôle : les causes
Comme pour les autres troubles anxieux, il n’existe pas encore à ce jour une cause unique et scientifiquement identifiée qui permet d’expliquer clairement la survenue de phobie d’impulsion. De récentes recherches cliniques ont pu néanmoins, mettre en évidence quelques causes plausibles de cette peur de perdre le contrôle et la maîtrise de soi.
Tout d’abord, à l’instar des autres TOC, il existe une certaine prédisposition interne d’ordre psychologique et neurologique à la phobie d’impulsion. D’ailleurs, vous remarquerez que l’existence d’autres troubles psychiques peut souvent favoriser cette dernière. Il s’agit notamment :
- Dépression ;
- Troubles anxieux sévères ;
- Addictions ;
- Troubles schizophréniques ;
- Troubles bipolaires ;
- Personnalité Borderline
- ….
Ensuite, les pensées négatives peuvent également prendre racine à la suite d’un changement de vie incluant une responsabilité accrue telle la naissance d’un enfant (phobie d’impulsion post-partum), une promotion professionnelle, etc. Aussi, l’obsession impulsive peut avoir des facteurs émotionnels tels que le stress. Enfin, la survenue d’un événement traumatisant peut également conduire à l’éclosion de cette affection.
Quelles sont les conséquences de l’obsession impulsive ?
Comme vous vous en doutez sûrement, une crainte constante d’avoir des pensées horripilantes où l’on se voit mettre en œuvre une impulsion peut altérer significativement la qualité de vie du sujet.
Concrètement, voici les principales conséquences délétères de la phobie d’impulsion :
- Angoisse constante ;
- Évitement de toutes les situations où il craint que la phobie d’impulsion se manifeste ;
- À force de contrôler la peur et d’éviter les situations anxieuses, il commence progressivement à renoncer à différentes facettes de sa vie.
- Impression d’être constamment dans une lutte interne. Ce qui souvent entraîne une perte de confiance en soi et un mal-être
- À long terme, l’anxiété et la dépression s’installent et empoisonnent la vie de l’individu.
Traitements de la phobie d’impulsion
Comme nous l’avons évoqué plus haut, les phobies d’impulsions sont des peurs irrationnelles et totalement sans fondement. Toutefois, bien que le sujet a conscience de l’absurdité de ses pensées, il ne pourra pas sortir de ce cercle infernal sans aide. Tout simplement parce que les pensées et les images qui surgissent sont incontrôlables. Raison pour laquelle, il est fortement conseillé de consulter un psychologue. De manière générale, les traitements proposés seront les mêmes que pour le cas de TOC :
1- Psychoéducation
Tout d’abord, le psychologue proposera au patient une éducation thérapeutique qui aura pour but de :
- Rassurer le patient qu’il ne va pas perdre le contrôle ;
- Apprendre à transformer les obsessions en pensées positives ;
- Rencontrer l’entourage afin de les informer. Mais aussi, pour pouvoir travailler avec le patient et ses proches.
2- Psychothérapie
Ensuite, une prise en charge psychothérapeutique et plus particulièrement une thérapie comportementale et cognitive est essentielle pour traiter les troubles. Cette étape consiste surtout à analyser les réactions du sujet face aux idées obsédantes puis à modifier progressivement les pensées dysfonctionnelles par des pensées positives.
3-Verbalisation
La dernière étape du traitement psychologique consiste à verbaliser le contenu des obsessions. Et cela, jusqu’à ce que les pensées dérangeantes ne véhiculent plus de charges émotionnelles. Mais aussi, que ces dernières se transforment en pensées positives.
Peut-être avez-vous vous-même vécu une phobie d’impulsion ? Nous serons ravis de lire vos témoignages concernant ce sujet et les choses qui vous ont permis de vous en sortir.
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