Lorsqu’il s’agit de trouble obsessionnel compulsif (TOC), la première image qui vient à l’esprit de la plupart d’entre nous est une personne qui présente une préoccupation excessive à l’égard des germes, à la nécessité d’organiser les choses « comme il faut » ou à l’obligation de revenir sans cesse pour s’assurer que la cuisinière ait bien été éteinte. Toutefois, on parle beaucoup moins des phobies d’impulsion. Aussi connu sous le nom de « pensée intrusive », ce terme se réfère à la peur de perdre le contrôle, de commettre ou de vouloir commettre des actes violents de façon impulsive. Encore plus rare, on oublie souvent de mentionner que ce mal-être concerne également l’auto-violence ou la crainte d’être suicidaire. Cette méconnaissance généralisée fait que cette maladie reste mal comprise et mal diagnostiquée jusqu’à aujourd’hui.
Sommaire
Phobies d’impulsion : la peur de passer à l’acte
Les phobies d’impulsion se manifestent par la réflexion soudaine que l’on puisse commettre un acte auto ou hétéro-agressif. Cette pensée intrusive s’accompagne souvent d’une anxiété découlant d’un trouble névrotique. De manière générale, la peur de perdre le contrôle touche différents aspects :
- Agression : peur de faire du mal aux autres ou de se faire du mal
- Sexualité : peur de changer d’orientation ou de comportements sexuels non désirés
- Religion : peur de violer des règles religieuses
- Moralité : peur de s’engager dans un agissement immoral
La valence agressive et la nature symbolique sont évidemment au premier plan. Il est intéressant de noter que la plupart d’entre nous ont — à l’occasion — des idées violentes ou sexuelles qui nous viennent à l’esprit. C’est tout à fait normal ! Cependant, nous n’avons guère de mal à les rejeter. Pour les personnes ayant un trouble obsessionnel compulsif, en revanche, ces images mentales peuvent déclencher une attaque de panique et une grande détresse. C’est ce qui caractérise les phobies d’impulsion
Voici un exemple
En changeant la couche de son fils, une nouvelle mère peut soudainement se rendre compte que rien ne l’empêche de l’agresser. C’est à ce moment que débute la peur panique qui lui parcourt le cerveau. « Pourrais-je faire ça ? Pourquoi penserais-je cela sinon ? Suis-je une pédophile ? En suis-je vraiment capable ? » À dire vrai, elle devrait normalement chercher à calmer sa terreur en se rassurant. « Non ! Je ne ferais jamais une telle chose ! Je ne pourrais jamais faire de mal à mon enfant ! » De longues recherches internet peuvent en suivre. Toutefois, tout soulagement que ces efforts pourraient apporter serait temporaire. En effet, elle ne pourrait s’empêcher de s’interroger sur la raison pour laquelle elle a pensé à cet acte en premier lieu. Cette incapacité à éliminer toute possibilité de préjudice provoquera une détresse croissante qui se transformera en phobies d’impulsion.
Pourquoi est-ce si dangereux ?
Tout d’abord, les individus souffrant de phobies d’impulsion présentent une peur de perdre le contrôle, et non des antécédents de passage à l’acte. Pour ainsi dire, ils recherchent à se rassurer sur le fait que ni le premier ni le deuxième scénario ne se réalisera. Plus que la simple assurance qu’ils ne commettront pas eux-mêmes un agissement qu’ils trouvent odieux, ils veulent également la preuve qu’il est invraisemblable de le faire. Cette recherche de réconfort est une compulsion courante dans ce trouble. Cependant, s’appuyer sur l’idée qu’il est « impossible » que cela se produise ne fait que valider la croyance selon laquelle le contenu d’une pensée intrusive est intrinsèquement important.
Par conséquent, l’idée derrière la peur de passer à l’acte est que ces décisions inexplicables seront prises dans des moments d’égarement. De ce fait, les patients peuvent se retrouver à adopter divers comportements de « sécurité » visant à éviter ces faiblesses perçues. Cela amène plusieurs autres problèmes, notamment :
- L’anxiété anticipatoire
- La dépression
- Le stress chronique
- Le manque de sommeil (dû à un incessant questionnement) pouvant conduire à l’insomnie sévère
- L’alcoolisme ou la toxicomanie (susceptible d’influencer sur le jugement)
- Les sentiments de colère ou de tristesse (qui sont considérés comme des avertissements d’un comportement de phobies d’impulsion imminentes)
- L’isolement social (être laissé seul avec les personnes qui déclenchent le processus est juste impensable)
- Le manque de confiance en soi (et tout ce qui pourrait remettre en question le contrôle de soi)
- L’impulsivité (des comportements physiques ou mentaux adoptés dans le but d’obtenir une certitude et de soulager l’inconfort lié à une pensée intrusive)
- La dépendance à internet (la recherche de réconfort en ligne ou ailleurs)
- Les troubles bipolaires
- Le TDAH (trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité)
Phobies d’impulsion : comment s’en débarrasser ?
En cas de phobies d’impulsion, il est important de consulter rapidement un médecin, un psychiatre ou un thérapeute spécialisé en TOC. Les traitements symptomatiques actuels de ce trouble, fondés sur des données probantes, comprennent :
- La thérapie cognitive et comportementale (prévention de l’exposition et de la réponse)
- Les médicaments (inhibiteurs sélectifs du recapture de la sérotonine pour le TOC)
- La SCB (stimulation cérébrale profonde)
- La SMT (stimulation magnétique transcrânienne)
- L’hypnose
Il existe également des méthodes d’auto-assistance pour atténuer les symptômes et améliorer la qualité de vie. À cet égard, Seif et Winston (2018) suggèrent de suivre ces 7 étapes :
- Étiqueter ces pensées comme étant des « pensées intrusives ».
- Se rappeler qu’elles sont automatiques et dépendent de personne.
- Ne pas essayer de les repousser, mais les accepter.
- Faire des exercices physiques pour faire passer le temps.
- Faire une pause. Se donner du temps. Il n’y a pas d’urgence.
- S’attendre à ce que ces pensées reviennent.
- Continuer ce que l’on a fait avant qu’elles ne viennent tout en laissant l’anxiété être présente.
Pour que le traitement soit efficace, il est également essentiel de résister aux comportements compulsifs pour tenter de se rassurer. De même, il est indispensable d’en parler. Les personnes souffrant de phobies d’impulsion craignent que si elles divulguent leurs pensées intrusives indésirables, les autres les jugent aussi sévèrement qu’elles se jugent elles-mêmes. Malheureusement, cela laisse souvent la porte grande ouverte à la solitude. Ainsi, il faut envisager de partager cette expérience avec un proche qui servira de soutien moral dans les moments difficiles.
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