Un chien en EHPAD, un cheval dans un établissement de soin, des chats en classe… voilà des images qui ont définitivement de quoi surprendre. Pourtant, si ces situations semblent quelque peu loufoques, elles sont aujourd’hui loin d’être isolées. En effet, depuis quelques années les animaux ont droit de cité dans de nombreux établissements où ils étaient encore il y a peu interdits d’accès. Mais c’est surtout dans monde de la médecine non conventionnelle que nos amis les bêtes font une entrée des plus remarquées. À l’instar de l’équithérapie, une thérapie par les chevaux dispensée aux personnes en souffrance physique et psychologique. D’ailleurs, considérés comme de véritables médiateurs, ces derniers sont devenus nos meilleurs alliés thérapeutiques. Comme quoi ces animaux ne sontpas uniquement là pour nous entretenir de temps à autre. Pratiquée depuis des siècles, cette méthode a longtemps fait de nombreux adeptes.
Bien qu’elle soit encore peu connue en France, l’équitation thérapeutique apparaît comme une bonne alternative pour traiter certains troubles psychiques. Dans cet article, revoyons quelques notions clés sur cette forme de thérapie, ses différentes déclinaisons et les bienfaits qu’elle apporte.
Sommaire
L’équithérapie en quelques notions clés
Si l’équitation constitue une discipline fondée depuis la Grèce Antique, il faut attendre le XXe siècle pour que la portée de son efficacité soit reconnue. Introduite en Europe avant de se propager aux États-Unis puis au Canada, elle fait aujourd’hui partie intégrante de la médecine non conventionnelle et complémentaire. Concrètement, c’est un ensemble de pratiques thérapeutiques médiatisées par les chevaux.
Dans les détails, elle inclut plusieurs activités. Celles-ci peuvent s’effectuer au sol ou en selle, en fonction des pathologies et des besoins. De ce fait, il existe différentes manières de pratiquer l’équithérapie :
- interaction avec les chevaux (brossage, entretien courant de l’animal, soins médicaux) ;
- exercices précis pour apprendre à mieux communiquer avec l’animal ;
- exercices d’observation ;
- séances de relaxation en présence de l’animal ;
- activités d’équitation ;
- randonnées équestres.
Bien entendu, cela ne ressemble pas à une séance de plaisir classique. Cela consiste en un accompagnement thérapeutique encadré par un professionnel. Celui-ci dispose de connaissances en équitation et est formé pour prendre en charge les personnes en souffrance psychique. Ici, le cheval ne soigne donc pas à proprement parler. En effet, dans l’équithérapie, il joue un rôle de médiateur dans la relation entre le patient et le thérapeute. Le cheval s’apparente à un miroir pour le patient. Il doit permettre au thérapeute de lire l’état intérieur du sujet. Et ce, en interprétant sa manière de communiquer et d’interagir avec l’animal. Ceci afin d’établir un programme sur-mesure adapté à la problématique du patient. Mais surtout, d’y apporter des solutions par l’intermédiaire de l’équidé.
Vous l’aurez donc compris, les peurs et les angoisses de l’individu peuvent être observées à travers son interaction avec l’animal.
Quels sont les différents types d’équithérapie ?
La thérapie par le cheval vise avant tout à soulager l’esprit. Elle prend compte des dimensions psychiques et corporelles du patient. Ce qui suppose que le passage par le corps et par l’esprit est possible pour soigner le mal-être. D’un autre côté, cela explique les différents moyens mis en œuvre. Entre autres les stimulations sensorielles, les échanges verbaux, les perceptions…
D’une manière générale, l’équitation thérapeutique se décline en 4 types. Chaque forme s’applique en fonction du type de patient, de ses besoins et de ses conditions.
L’équitation instructionnelle
Ce type d’équithérapie se base sur l’adaptation de l’individu au cheval et à sa stimulation affective. L’équitation instructionnelle figure parmi les thérapies les plus utilisées. Dans cet exercice, l’animal, les participants et leur environnement sont sollicités.
L’équitation adaptée
Il s’agit d’une thérapie destinée aux cavaliers qui désirent faire de l’équitation, mais qui ont besoin d’aide pour grimper sur les chevaux en raison de leur handicap. Cette forme de discipline s’apparente à un soin thérapeutique. Elle présenterait les mêmes bienfaits que l’équitation instructionnelle. Plus encore, elle s’avèrerait plus stimulante pour certaines personnes.
L’hippothérapie
L’hippothérapie est un type d’équithérapie qui se concrétise par des exercices physiothérapeutiques avec et sur un cheval. Ceux-ci se basent principalement sur la neuropsychologie. Les techniques utilisées lors d’une séance d’hippothérapie passent notamment par les pulsions rythmiques. Mais aussi par le mouvement en trois dimensions et le transfert de chaleur corporelle du cheval.
La voltige thérapeutique
Dans cette forme de thérapie, l’individu réalise des exercices de gymnastique sur le dos du cheval. Ce qui favorise l’amélioration de son équilibre et la coordination de tout le corps. De la même manière, il stimule l’intégration sensorielle et améliore l’organisation motrice.
Quoi qu’il en soit, l’équithérapie se révèle être une thérapie intégrante. Et pour cause, elle a une influence positive sur le développement cognitif, social et physique de la personne. D’autant que ses apports bénéfiques lui permettent de devenir un outil incontournable. Et ce, pour contribuer au bien-être des handicapés.
Comment se déroule une séance avec l’équithérapeute ?
Une séance d’équitation thérapeutique s’organise de manière différente selon le(s) trouble(s) à traiter. Dans un premier temps, le patient est incité à communiquer avec l’animal en vue de créer une relation affective. Il est encouragé à panser le cheval. C’est-à-dire à le brosser et à le nettoyer. L’équithérapie se caractérise par une approche originale. C’est pourquoi un climat de confiance se révèle essentiel à la thérapie.
Dans un second temps, l’équithérapeute met en place des solutions à travers des exercices avec le cheval. Il s’agit ici de chercher à manifester des sensations tout en douceur pour rappeler à la personne les moments de bien-être. Le professionnel peut proposer des exercices de relaxation, de prise de parole… En tout cas, la thérapie par le cheval emploie des méthodes de la psychologie, de la psychothérapie ou encore de la psychanalyse pour soigner l’individu.
À qui s’adresse l’équithérapie ?
La discipline équestre existait déjà à l’Antiquité en Grèce. Elle était recommandée pour prévenir ou guérir certaines maladies somatiques. Toutefois, ce n’est que dans les années 60 en Norvège qu’elle fut réellement reconnue comme outil d’aide aux personnes souffrant de troubles psychomoteurs. À cette époque, cette forme de thérapie s’adressait tout particulièrement aux personnes en situation de handicap moteur ou intellectuel.
Plus tard, elle se démocratise aux États-Unis et au Canada. Là-bas, elle s’impose très rapidement comme l’outil de prédilection pour soulager les psychopathologies. À l’instar de l’autisme, l’anxiété généralisée, le retard mental ou encore la schizophrénie. L’équithérapie, considérée comme médecine non conventionnelle, avait ainsi pour visée de réduire les symptômes. Voire guérir diverses pathologies et ainsi améliorer la qualité de vie des patients. Elle se met au service de toutes personnes en quête de bien-être, de sentiment de confort, d’apaisement et de confiance en soi.
Aujourd’hui, l’équitation thérapeutique s’applique dans un champ très large. Elle peut être utilisée dans le traitement de certains troubles. Cela concerne notamment le stress, la dépression nerveuse, les addictions et les phobies. Mais ce n’est pas tout ! En tant que soin psychique médiatisé par le cheval, l’équithérapie traite également toutes difficultés d’ordre psychique. On peut citer :
- les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) ;
- le syndrome post-traumatique ;
- les difficultés de concentration ;
- les troubles du comportement ;
- le manque de confiance en soi ;
- les psychoses ; etc.
Il est à noter que la thérapie avec le cheval est un métier non réglementé dans l’Hexagone. Pour que les résultats soient satisfaisants, il est donc conseillé de consulter un équithérapeute qualifié et titulaire d’un diplôme. C’est une garantie que le professionnel a effectivement suivi une formation spécialisée.
Les bienfaits physiques et psychologiques de l’équithérapie
Loin d’être un effet de mode, les soins par le cheval offrent une myriade de bienfaits. Et ce, aux niveaux physiologiques et psychologiques. D’ailleurs, de nombreuses études scientifiques ont prouvé les bénéfices que pourrait apporter cette thérapie dans le traitement de nombreuses pathologies.
- Celle menée par la docteur Laurence Hameury en est un exemple parfait. Dans son rapport publié en 2016, elle affirme que l’hippothérapie serait efficace sur les enfants autistes.
- Une autre étude réalisée par l’université Sherbrooke au Canada rapporte également les effets positifs de cette approche. De fait, les scientifiques ont conclu que l’équithérapie agirait sur le contrôle de soi et les humeurs dépressives chez les personnes présentant des troubles du comportement.
- D’autres recherches ont aussi démontré des améliorations chez des patients souffrant de handicap moteur. Sur le plan physique, les bienfaits du soin avec le cheval ont été justifiés par la Fédération française d’Équitation.
Il n’y a donc aucun doute, cette discipline serait une source de bienfaits pour tout le corps et pour l’esprit.
Les bienfaits thérapeutiques
Au niveau psychologique, l’équitation thérapeutique permet une valorisation du sujet. Ce qui conduit irrémédiablement à un regain d’estime de soi et de confiance en soi. L’équithérapie aiderait plus particulièrement les sujets en situation de handicap. N’étant pas considérés comme des malades, ces derniers peuvent alors reprendre le contrôle sur les choses. Mais encore, elle donne la sensation de servir et de pouvoir aider l’autre, en l’occurrence l’animal. Autant de leviers pour l’épanouissement personnel.
Ensuite, la thérapie avec le cheval permet de mieux gérer les émotions. Mais aussi d’évacuer le stress et les tensions. Aussi, elle contribue à calmer les angoisses profondes et à favoriser un changement de comportement. Et pour cause, la mise en relation avec le cheval focalise l’attention dans le moment présent.
En définitive, l’équithérapie apprend à prendre de la distance par rapport aux émotions négatives tout en les acceptant. En aidant le sujet à accéder à une meilleure connaissance de soi, cette thérapie aide à mieux comprendre son mode de fonctionnement. Et de ce fait découle un développement des capacités de discernement.
Par ailleurs, une étude réalisée par la Washington State University a révélé que le contact avec les chevaux permettrait de libérer l’ocytocine. Il s’agit d’une hormone qui favorise l’empathie et diminue l’anxiété. Les chevaux déclencheraient donc naturellement une réaction de relaxation chez la plupart des patients.
Les bienfaits physiques de l’équithérapie
Au-delà de la psychologie, les soins par l’équidé présentent des bienfaits incontestables sur le plan physique. Il est important de savoir que le cheval est un animal doux et calme. Durant la thérapie, il transmet des pulsions rythmiques à la colonne vertébrale et aux jambes de l’individu. De la même manière, il engendre un mouvement en trois dimensions et une sensation d’élan vers l’avant. À cet effet, les activités d’équitation favorisent :
- l’équilibre et la posture ;
- le tonus et le renforcement musculaire ;
- la souplesse articulaire ;
- la latéralisation.
L’équithérapie contribue également à l’amélioration de :
- la motricité globale et fine ;
- la mobilité générale et la locomotion ;
- l’éveil sensitif et sensoriel ;
- la circulation sanguine et le trophisme de la peau ;
- la fonction digestive.
D’autres bienfaits insoupçonnés
À travers divers exercices, l’équitation thérapeutique présente des vertus supplémentaires. Elle favorise entre autres :
- la concentration et l’attention ;
- la communication ;
- le sentiment d’appartenance ;
- les notions d’entraide et de partage ;
- la socialisation ;
- la prise d’initiative.
La formation pour devenir équithérapeute
En France, on compte environ 30 000 personnes ayant suivi des séances d’équithérapie en 2015. Actuellement, les patients qui souhaitent suivre cette forme de thérapie peu connue il y a encore quelques années sont innombrables. À tel point que les listes d’attente dans certains centres d’équitation sont parfois longues.
Malgré cette forte demande, la profession n’est pas encore réglementée. Quoi qu’il en soit, la formation pour devenir équithérapeute dure entre 12 et 18 mois dans un institut spécialisé. Tout au long de la formation, l’étudiant assiste à des cours théoriques et effectue des stages pratiques. L’objectif étant de connaître le patient et l’animal. Entre temps, il doit maîtriser les techniques thérapeutiques en équithérapie.
La formation est accessible aux personnels médicaux et paramédicaux. Les professionnels disposant d’une certaine expérience dans le travail d’aide aux personnes en difficulté peuvent également en bénéficier. Cela dit, la discipline exige une expérience minimum dans la pratique de l’équitation.
La thérapie par le cheval connaît un large champ d’application et rassemble des pratiques diversifiées. Cette activité de soin apporterait des effets bénéfiques qui ne sont plus à démontrer aux sujets en souffrance physique et psychologique. Alors, prêt à sauter le pas ?
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