L’expérience de mort imminente ou EMI reste à l’heure actuelle un mystère. C’est un sujet qui suscite beaucoup d’interrogations. Comment peut-on mourir et revenir à la vie ? Y a-t-il une vie après la mort ? L’EMI fascine autant qu’elle effraie. À un tel point qu’elle a fait naître des récits qui dépassent toute logique suscitant scepticisme chez les plus cartésiens d’entre-nous. Et pourtant, cette expérience est réellement vécue. À en croire les études statistiques de l’association IANDS (International Association for Near-Death Studies), 1,8 million de personnes en France auraient connu une EMI. Alors, réalité ou simple fruit de l’imagination ? Les réponses !
Sommaire
- 1 Expérience de mort imminente : qu’est-ce que c’est ?
- 2 Les phases évènementielles qui se produisent lors d’une expérience de mort imminente
- 3 La culture influence-t-elle l’expérience de mort imminente ?
- 4 Comment cette expérience peut transformer un individu ?
- 5 EMI : comment la science explique ce phénomène ?
Expérience de mort imminente : qu’est-ce que c’est ?
Le psychiatre américain Raymond Moody qui a largement étudié la question dans les années 1970, définit l’EMI comme « une expérience de perception consciente qui se déroule au moment où une personne est soit en train de mourir, soit, a été déclarée cliniquement morte. » C’est un ensemble de sensations et d’expériences vécues par des personnes en coma ou en arrêt cardiaque. En ce sens, des spécialistes révèlent que 15 à 20 % des patients dans le coma ou qui font un arrêt cardiaque ont déjà fait cette expérience mystique avant d’être réanimé. Mais une expérience de mort imminente ne survient pas forcément lorsqu’il y a menace de mort. Ce phénomène peut aussi arriver dans d’autres situations telles qu’une méditation profonde, une relaxation importante, un stress intense, une anesthésie ou encore une sieste.
Petite histoire sur l’EMI
Il faut savoir que l’hypothèse de l’expérience de la mort imminente n’est pas chose nouvelle. Et cela même si l’expression n’a été réellement utilisée qu’en 1977 par le psychiatre américain Raymond Moody dans son livre « Life after life ou la vie après la vie ». Cet ouvrage best-seller vendu à plus de 13 millions d’exemplaires.
L’expérience de mort imminente est même déjà évoquée dans le livre « La République » de Platon. Ce philosophe de l’Antiquité grecque abordait la possibilité de voir la mort et revenir à la vie pour parler de l’apparente résurrection d’Er le Pamphylien après une bataille. Seulement lui, il désigna ce phénomène par le nom deuteropotmos. Plusieurs textes anciens relataient également ce genre d’expérience. Dont, notamment ceux de Guru Narak — père fondateur du sikhisme — qui expliquait ce qu’il avait vécu après avoir frôlé la mort durant une noyade dans la rivière.
Les phases évènementielles qui se produisent lors d’une expérience de mort imminente
Les témoignages des personnes ayant vécu des expériences de mort imminente présentent certaines similitudes, mais aussi quelques éléments variables. Très souvent, les thanatonautes ou expérienceurs, comme on les appelle, relatent un certain nombre de phases par lesquelles ils sont passés. Selon le cas, l’individu peut ne vivre qu’une partie de ces évènements (EMI partielle), ou la totalité (EMI totale). Cela dépendra en grande partie de l’avancement de son voyage dans le monde astral. Ainsi, on peut dire que plus l’expérience a été intense, plus ce dernier en garde un souvenir très présent.
Expérience de mort imminente : la décorporation
Le premier stade de l’EMI se caractérise par une impression de sortir hors du corps, comme si l’âme se détache de celui-ci. La sensation de flotter au-dessus du corps physique est souvent rapportée. L’expérienceur peut alors observer son corps et semble voir ou entendre des choses qui sont hors de la portée de ses sens.
Un sentiment de paix
Séparé de son corps, le patient qui était en état critique ne ressent plus de la douleur. Un sentiment de bien-être et de paix absolue l’envahit.
Néanmoins, il n’est pas rare que l’expérience de mort imminente engendre des émotions négatives chez certains individus. D’après une étude menée sur des thanatonautes allemands, 56 % d’entre eux affirment avoir eu des sentiments positifs lors de l’EMI. 44 % ont ressenti de la peur et de l’angoisse.
La vision d’un tunnel et d’une lumière
Un autre scénario raconté par la plupart des témoins : le passage dans un tunnel qui aboutit sur une lumière. Celle-ci est décrite comme 1000 fois plus intense que la lumière du soleil, mais qui n’éblouit ni ne brûle. Certains individus prétendent rentrer dans la lumière et y trouver un nouveau monde.
Expérience de mort imminente : la rencontre avec des défunts
Dans ce lieu, les expérienceurs croisent des entités spirituelles d’où émane un amour inconditionnel. Certains peuvent même retrouver des personnes décédées avec lesquelles ils ont été proches.
Souvent, les personnes subissant une EMI voient défiler certains moments de leur vie. Parfois, une voix douce accompagne ce bilan de vie, demandant ce qu’ils ont fait durant leur passage sur terre. Puis vient le moment de faire un choix entre la mort et le retour à la vie. Le retour à l’enveloppe corporelle est instantané, mais difficile à accepter.
La culture influence-t-elle l’expérience de mort imminente ?
Les témoignages d’EMI ont été rapportés par des personnes de tout âge, toute culture, toute croyance. De même, ils sont aussi bien relatés par des hommes que par des femmes, peu importe le niveau intellectuel et social. Tout le monde peut donc vivre cet évènement qualifié de paranormal : athées, chrétiens, musulmans, bouddhistes, hommes, femmes et même enfants… Cependant, bien que les phénomènes semblent quasi identiques à travers le monde et les époques, les récits diffèrent légèrement d’un pays à un autre. Les facteurs culturels et religieux exercent-ils donc une influence sur l’expérience de mort imminente ? Le débat est ouvert entre deux approches : l’une défendant l’hypothèse d’un conditionnement culturel et l’autre soutenant l’hypothèse d’invariance.
La culture conditionne l’EMI
En parcourant les récits d’EMI publiés par les chercheurs, le philosophe Keith Augustine souligne certaines nuances entre les témoignages occidentaux et ceux d’autres cultures. Certains détails dans des récits occidentaux n’apparaissent pas dans des récits asiatiques. En Asie, la vision du tunnel et la fameuse lumière ne sont évoquées que rarement. Par ailleurs, certains éléments des récits asiatiques sont absents dans les témoignages occidentaux.
En Inde, une personne vivant une expérience de mort imminente se heurte à une erreur d’identité. Elle est donc renvoyée à la vie, n’étant pas celle qui est attendue par Yama, le dieu des morts dans l’hindouisme. De même, des récits de médiévaux chrétiens font allusion à un au-delà où le peuple est soumis au dictat d’êtres de lumières. Alors que des récits contemporains décrivent ces esprits comme bienveillants. La croyance et les attentes des individus concernant la vie après la mort colorent donc l’expérience vécue.
L’EMI : l’hypothèse d’invariance culturelle
Malgré les écarts entre les cultures, certains chercheurs supposent que ce n’est pas l’expérience de mort imminente qui diffère, mais les façons dont ceux qui l’ont vécu d’interpréter les phénomènes. Dans le cas des Occidentaux et des Indiens, par exemple, de nombreuses personnes disent avoir croisé des personnes désincarnées. Les Indiens les considèrent comme des messagers du dieu de la mort alors que les Occidentaux les identifient comme des défunts.
Comment cette expérience peut transformer un individu ?
Une expérience telle que l’EMI induit irrémédiablement un bouleversement sans précédent de l’individu au point qu’il faut des années pour arriver à la digérer. Celle-ci entraîne même parfois une remise en question profonde. Les personnes qui ont vécu une expérience de mort imminente en ressortent métamorphosées. La plupart se reconvertissent et changent de vie. À vrai dire, vivre une EMI n’est pas sans conséquence sur les croyances, les attitudes et les valeurs d’un individu. Ce vécu provoque des profonds changements tant sur les comportements des expérienceurs que sur leur vie spirituelle et sociale.
Une personne ayant vécu une EMI devient plus compréhensive et compatissante envers son prochain. En outre, elle s’implique davantage dans sa vie de famille et trouve une grande facilité à exprimer de l’amour. Il semble que l’expérience de mort imminente a rendu l’individu plus philanthrope. Il s’investit plus qu’avant dans la vie de la société et sait prendre du recul face aux difficultés. En contrepartie, l’expérienceur développe peu d’intérêt pour les choses superficielles et les relations sociales pouvant susciter des tensions.
Toutefois, une EMI peut également perturber, voire déstabiliser l’individu et ses proches. En effet, le caractère exceptionnel de cette expérience pousserait l’expérienceur à rechercher une signification à ce qu’il a vécu. Cette phase s’accompagne souvent de confusion, de frustration et même une remise en question de sa santé mentale.
L’éveil spirituel après une expérience de mort imminente
L’idée de donner un but à sa vie se révèle être une solution pour l’expérienceur d’attribuer un sens à son vécu. Pour cela, il a deux approches. La première est d’améliorer ses relations et ses priorités tandis que la seconde est plutôt d’ordre spirituel. Ainsi, on constate un éveil spirituel caractérisé par une augmentation de la croyance en Dieu et de la fréquence des prières. En outre, l’individu a moins peur de mourir, croyant fortement en une vie après la mort. Il est ainsi plus serein et moins vulnérable face à une maladie ou un décès.
Les effets négatifs d’une expérience de mort imminente
Si l’EMI a été bénéfique pour la plupart des thanatonautes, quelques cas en sont ressortis avec un traumatisme. Mal vécue, cette expérience peut engendrer des séquelles psychologiques et sociales. Il faut dire qu’en parler avec l’entourage peut donner une image ridicule, voire de fou/folle à l’expérienceur. D’autant plus que la famille et les proches ne comprennent pas forcément les changements de vie qui sont engagés après une EMI. Cette incompréhension engendre chez l’individu un sentiment de rejet et d’angoisse pouvant entraîner une dépression, une rupture avec la société et au repli sur soi.
Comment aider une personne ayant vécu une expérience de mort imminente ?
Apaisant ou traumatisant, un phénomène aussi indicible que l’EMI fragilise le niveau psychologique et social de l’expérienceur. Le besoin d’en parler avec quelqu’un qui ne juge pas et qui ne minimise pas l’expérience lui est essentiel. Il faudra alors permettre à l’individu de verbaliser son vécu. Et pour cela, une écoute empathique par les proches et les soignants se révèle indispensable. Mais encore, il est crucial d’informer le patient et son entourage sur ce qu’est l’EMI. En effet, le manque de connaissance qu’a l’entourage alimente souvent l’incompréhension vis-à-vis de l’expérience de mort imminente.
Par ailleurs, il est recommandé d’accompagner l’individu à travers une thérapie de groupe. L’idée est qu’il puisse partager son expérience afin de la normaliser. Une psychothérapie serait également utile pour optimiser sa réhabilitation psychosociale. Enfin, la pratique de la méditation peut être d’une aide précieuse pour gérer les retombées spirituelles de l’EMI.
EMI : comment la science explique ce phénomène ?
À l’heure actuelle, la science est dans l’incapacité d’expliquer avec certitude comment et pourquoi se produit une EMI. Si l’on croit l’association IANDS, les données actuelles sont insuffisantes pour comprendre ces expériences. Mais selon certains scientifiques, l’expérience de mort imminente s’expliquerait par le fait que lors d’un arrêt cardiaque, l’arrêt momentané des fonctions vitales fait tomber le flux sanguin à zéro. Cela entraîne une diminution de la quantité d’oxygène dans le cerveau ou communément appelé l’anoxie cérébrale. Or, cette anoxie provoque des visions et hallucinations puisqu’elle libère une quantité excessive de neurotransmetteurs glutamate dans le cerveau. Les personnes ayant expérimenté le jeu du foulard, consistant à bloquer la respiration ou s’étrangler, ont d’ailleurs constaté ce phénomène. Après être tombés dans les vapes au cours des jeux, certains affirment avoir vécu une expérience mystique ou avoir eu des visions.
Expérience de mort imminente : une histoire d’hormones
La sécrétion massive de molécules endorphines par le cerveau au moment de la mort clinique expliquerait également l’état de sérénité décrite durant l’EMI. De fait, les endorphines auraient les mêmes effets que la morphine. Ainsi, ils masquent la douleur immédiate et procurent une sensation de bien-être. Aussi, la contribution du cortex temporopariétal et du cortex visuel entraînerait les visions de lumière blanche et de tunnel. Un dérèglement du fonctionnement du cerveau est donc à l’origine de ces expériences mystiques.
EMI : un phénomène de neuroprotection
Enfin, des scientifiques attribuent également l’expérience de mort imminente à une sorte de dépersonnalisation du sujet face à la peur de mourir. Une théorie appuyée par le neuroscientifique Néo-Zélandais, Karl Jansen. Selon lui, face à cette sorte de phobie de la mort, le sujet déclenche le phénomène de neuroprotection. Celui-ci provoquerait ainsi une forme de déconnexion de la conscience et une perte de la réalité. Le sujet se met alors à imaginer un monde de fantasmes construit à partir de ses convictions face à l’imminence de sa propre mort.
Et vous, est-ce que vous croyez qu’il est possible de voir la mort et revenir à la vie ?
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