Ces derniers temps, un domaine semble avoir beaucoup de succès dans le développement personnel : c’est celui du féminin sacré. Une révélation pour certain(e)s, une grande interrogation pour d’autres. De quoi s’agit-il ? Je vous propose quelques explications sur ce sujet.

Tout d’abord, lorsque l’on recherche des éléments sur le féminin sacré, on s’aperçoit assez rapidement que ce domaine est fortement en lien avec la spiritualité. C’est pourquoi il ne parlera pas à tout le monde. Ni à tous les hommes, ni à toutes les femmes, bien qu’elles semblent les premières concernées par ce concept. A travers un vocabulaire codifié (« sororité », « lunes », « tente rouge »), où l’on parle de divinité en soi, de l’utérus comme du centre de l’univers, il peut sembler de prime abord complètement inaccessible. Alors, que se cache t-il concrètement derrière ce domaine, qui vu de l’extérieur, peut paraître un peu trop spirituel ?

Féminin et masculin, un équilibre à retrouver

Beaucoup de croyances différentes, de concepts, de régions du monde se sont mis d’accord sur ce point : nous avons en chacun de nous deux pôles. En Asie, on parlera d’un yin et d’un yang. En Europe, on parlera plutôt d’un côté du cerveau rationnel (Gauche) et d’un autre plus créatif (Droit). Mais dans la spiritualité, nous considérons parfois également qu’il y a un pôle masculin et un pôle féminin en chacun de nous.

Chaque partie vit en nous à chaque instant de nos vies, que l’on soit un homme ou une femme. Ceci, selon des proportions différentes qui ne sont pas toujours équilibrées. Par exemple, les hommes ont un côté masculin plus exacerbé par nature. Ce qui leur confère des difficultés à se relier à leur part de féminin. Ils font preuve d’aptitudes naturelles plus développées comme la force, la détermination ou l’action. Pour les femmes, on dira volontiers qu’elles font preuve de douceur, de sensibilité ou d’intuition…  Ainsi, les hommes qui n’ont jamais développé leur côté féminin auront du mal à exprimer leurs émotions, leurs peurs, ou à être intuitif.

Et c’est là que le féminin sacré apparaît pour les femmes. Car tout comme on a pu conduire les hommes à rentrer dans la case de l’homme fort et insensible, on a conduit les femmes à réprimer leur être. On a fait de leurs aptitudes naturelles des défauts. Si bien qu’aujourd’hui faire quelque chose « comme une femme » est devenu une preuve de faiblesse. Or, les femmes ont toutes, par nature, une véritable force intérieure, à l’origine de la vie.

Renouer avec sa part de magie féminine

Dans l’Histoire, alors qu’elles ont été chamanes, sorcières, conscientes d’un monde invisible très tôt, elles ont été ramenées à la raison, brûlées, ou blessées quand elles osaient être pleinement elles-mêmes. Il était impossible d’affirmer pleinement leur côté féminin (spirituel, créatif, relié). Au fil des siècles, on les a souvent rangé dans des cases : mères de famille, muettes, incapables d’agir sans les hommes…

Pendant des centaines d’années, elles ont vécu dans l’ombre des hommes, ont été abusées pour être née femme (viols, excisions). Et certaines connaissent d’ailleurs toujours aujourd’hui ce type de violence. Même en France, dans notre génération, on leur conseille toujours de ne pas trop pleurer, de réprimer leur créativité, leur rapport au monde spirituel. On évite de parler de leurs règles, on voit d’un mauvais oeil leur refus d’allaiter ou de porter un enfant… Certaines idées restent bien ancrées malgré des libertés qui ont évolué.

Le féminin sacré est donc, né de tout cela. Il consiste à explorer sa part de féminin réprimée par l’éducation et l’Histoire. Il invite à apprivoiser son potentiel spirituel, à retrouver sa puissance en tant que femme. Comment ? En faisant la découverte de qui elles sont vraiment, sans être dictées dans leurs choix. S’exprimer librement. Renouer avec leur corps, leurs cycles menstruels mais également leur sexualité et certains éléments féminins : en particulier la lune.

A noter cependant, il semble que ce domaine ne soit pas réservé qu’aux femmes. En tant qu’homme, il est tout aussi utile d’équilibrer ce pôle féminin et de faire la paix avec cette part de soi.

Pourquoi une montée du féminin sacré maintenant ?

Pourquoi autant de femmes semblent-elles se relier à leur féminin sacré actuellement ? Finalement, c’est certainement la même chose qui pousse tout un chacun à se relier au développement personnel. Si l’on reprend la Pyramide de Maslow, le besoin d’épanouissement est le dernier et le plus haut de la liste. Alors que cela était différent pour les générations précédentes, les grandes avancées du siècle dernier nous ont permis de naître avec une partie de nos besoins déjà accomplis.

Ainsi, nous pouvons désormais nous tourner vers ce besoin d’accomplissement, qui n’a peut-être jamais traversé l’esprit des générations précédentes, tant elles avaient d’autres priorités. Nous avons donc la chance d’évoluer personnellement.

Quand pour certains, être pleinement soi consiste à réaliser ses rêves, à réparer ses blessures, pour d’autres, ce sera renouer avec son féminin sacré. De même, le droit de vote des femmes, le droit à l’avortement, ne datent pas d’il y a si longtemps. Cette génération de femmes est donc l’une des premières à avoir le choix d’être qui elle veut et de faire ce que bon lui semble. Renouer avec sa véritable nature est quelque chose de nouveau à apprivoiser, qui n’a souvent pas été transmis par leurs mères ou leurs grands-mères.

Qu’est que ça donne en pratique ?

Le féminin sacré n’est pas régis par des règles à suivre, puisque son but est de se retrouver soi. Il ne consiste pas à suivre un modèle à la lettre, mais au contraire à s’exprimer en tant qu’être unique. Malgré cela, on retrouve quelques grands principes :

• Le côté sacré du cycle menstruel : Nous savons aujourd’hui que le cycle menstruel influence les femmes entre elles. Par exemple, lorsqu’elles vivent en communauté, on observe que leurs menstruations arrivent en même temps. Le féminin sacré va donc prêter plus attention à ce cycle. Il conseille aux femmes de prêter plus attention à leurs cycles. Pour cela, elles peuvent par exemple pratiquer le flux instinctif, utiliser un moyen de contraception naturel ou globalement, écouter les messages de leur corps.
• Le lien avec la lune : La lune, élément féminin par excellence, est importante dans le féminin sacré. D’une manière ou d’une autre, les femmes sont connectées à elles. Par exemple, elles remarquent un sommeil agité en cas de pleine lune. Ainsi, beaucoup de femmes décident d’appliquer des rituels personnels au moment de la pleine lune ou de la nouvelle lune. Tirer une carte de tarot, poser des intentions, prendre un moment pour soi… C’est un moyen de se relier à leur féminin.
• Le cercle de femmes : Une des notions essentielles du féminin sacré, c’est l’idée de sororité. Voir en l’autre femme une sœur et non quelqu’un avec lequel se mettre en compétition. Ainsi, le cercle de femme consiste à créer un espace de paroles privilégié, dans la bienveillance, qui a lieu entre femmes. Il permet de se confier, d’évoluer ensemble en parlant de ses souffrances mais aussi de ses fiertés.

Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez vous rapprocher des travaux et formations de Miranda Gray et des livres qui abordent ce sujet :

• Ame de sorcière, d’Odile Chabrillac
• Femmes qui courent avec les loups, de Clarissa Pinkola Estés
• La puissance du féminin, de Camille Sfez

Connaissiez vous ce domaine ? Avez-vous déjà assisté à un cercle de femmes ? Qu’en retirez-vous ?